Le silence... un rêve impossible à atteindre en forêt, il y a toujours un bruit, un petit quelque chose, un craquement.. La pénombre ne fait qu'accentuer le désagréable sentiment que vous n'êtes pas seuls. La forêt vit, bouge, vous n'êtes jamais seuls.
L'idée n'était pas vraiment brillante à la base, explorer les sombres forêts au pieds des montagnes grises relevait plus de braverie que de l'acte sensé. Pourtant, Thoren l'avait fait. On disait qu'au sommet de ces montagnes poussaient des pins d'une taille et d'une beauté incroyables, à leurs pieds on trouvaient des fleurs blanche d'une pureté et d'une finesse digne de la cour de l'Empereur.. Et c'était précisément avec ces fleurs que la couronne de fleur d'Aalia devait être confectionnée. Le premier qui lui offrirait un tel présent recevrait aussitôt son consentement pour un mariage aussi glorieux qu'un petit village pouvait se le permettre. Thoren n'avait jamais peur, rien ne l'effrayait, pas même une escapade de plusieurs jours dans une forêt qui selon la légende n'avait jamais vraiment été explorée. Les seules créatures qui semblaient pouvoir y survivre étaient des mutants chaotiques et autre abominations grotesques. Et encore, il semblait évident au vu de leur grand nombre qu'ils restaient relativement bas, proches des villages.
Il était tard, Thoren avait marché toute la journée dans une atmosphère de plus en plus fraiche. Malgré le soleil qui brillait dans le ciel, l'altitude l'avait fait enfiler chemises après chemises. Il s'était arreté pour la nuit, et le froid s'était encore intensifié. Soudain, un cri bestial retentit en contrebas. Ce n'était pas le bruit du vent dans les branches, ni celui d'un cerf ou de quoi que ce soit de 'naturel'. Quelque chose avait crié en contrebas. Quelque chose qui n'avait pas grand chose d'humain mais qui n'était pas non plus animal..
Pour la première fois de sa vie, Thoren eut peur, vraiment peur. Il se recroquevilla dans sa couverture espérant secrètement avoir rêvé. Mais ce n'était pas un rêve et il en eut la confirmation quand une dizaines de cris similaires répondirent aux premier... Et il se leva d'un bond quand il eut la très nette impression que les cris se rapprochaient de plus en plus de lui... Il ne pouvait pas rester là...
Il abandonna sa couverture désireux uniquement de sauver sa vie. Et il aurait probablement rebroussé chemin si justement les cris n'étaient pas parvenus de plus bas. Il n'avait pas le choix, il devait grimper, grimper sans espoir...
Il se mit à courir faisant un bruit incroyable, se prenant branches, feuilles et racines à divers endroit de son corps... Il chuta une première fois, il se retourna en se relevant et il appercut très clairement quelque chose qui bougeait en contrebas. Quelques choses... Il était repéré..
Il accéléra le mouvement en vain, les choses se rapprochaient, les cris s'intensifiaient, la peur le gagnait...
A bout de souffle, il tomba mort de fatigue au pied d'un grand arbre.. Les choses ralentirent.. Et là, il les vit.
Ce n'étaient pas des hommes, ce n'étaient pas des boucs.. Ils étaient grands, avec des jambes de bouc, poilues.. Le haut du corps ressemblaient à celui d'un homme, un homme très sale et très très poilu.. Quant leurs têtes, elles ressemblaient à s'y méprendre à une version bien plus effrayant de Biquette, la chèvre du voisin.. Ils portaient de longues lances primitives, mais dont Thoren n'avait pas du tout envie de tester le tranchant...
Il était fait, comme un rat.. ou comme un fromage. Soudain, il vit les vilains petits yeux des hybrides afficher ce qui ressemblait à une vague lueur de panique... Ils semblaient regarder fixement un point au dessus de la tête du jeune homme.. Un claquement retentit, suivit d'un deuxième.. Deux hybrides tombèrent... Les autres criaient et tournaient dans tous les sens.. A ce moment là, comme tombés du ciels, trois silhouette graciles et énergiques apparurent devant lui... Ils étaient petits, presque nus, ce qui au vu du froid était fort téméraire, et ils tournaient dans une danse mortelle.. Leurs lames tourbillonnaient suivant parfaitement le rythme de leurs corps qui se lançaient dans l'espace pour retomber pile poile où ils pourraient frapper.
Thoren était fasciné, mais sa surprise fut à son comble quand, surgissant des bois des cavaliers à l'allure sauvage traversèrent la petite clairière où ils se trouvaient. Ils venaient du haut de la montagne et descendaient et montaient à vive allure semblant ignorer les arbres tout en fauchant au passage de nombreux hybrides.
En quelques minutes pleines de frénésie, le silence, enfin le calme, était revenu dans la forêt. Les créatures se rassemblèrent à quelques mètres de lui, semblant l'ignorer complètement. Thoren qui avait déjà visiter Marienburg établit assez rapidement qu'il devait s'agir d'elfes, enfin d'une sorte d'elfes.. quelque chose de plus sauvage. Il ne comprennait rien à leur palabre dans une langue compliquée et sifflante.. Finalement, celui qui semblait être leur chef s'approcha de lui. Il commença à lui parler en langage commun.
" Salutations étrangers... Excuse nos palabres, mais nous n'arrivions pas à savoir si nous devions te tuer ou pas.."
Son accent était sifflant et son ton particulièrement détaché, ce qui ne rassurait pas du tout Thoren.
" Nous en avons conclu que nous n'étions pas assez compétents pour en décider... nous allons donc t'amener devant nos Seigneurs qui trancherons la question..."
***
La marche avait duré toute la fin de la nuit et une partie de la matinée. Il était de plus en plus évident pour Thoren que les elfes suivaient de nombreux détours pour l'empêcher de retrouver plus tard l'endroit où ils l'emmenaient.
Au fur et à mesure que le soleil apparaissait, Thoren pouvait distinguer de mieux en mieux ses "compagnons". Ils portaient de nombreux épaisseurs de tissus, dans des tons verts sombre et certains dans des tons vert très clair, presque blanc. Cela lui semblait fort étrange, mais tandis qu'ils montaient, la neige faisait son apparition et les tissus blancs gagnaient en pertinence. Voyant ses regards curieux, un des elfes, parmi les plus jeune s'approcha de lui et entama la conversation.
" Nous portons des vêtements qui peuvent selon l'ajustement nous cacher soit sur les hauteurs enneigées soit dans la forêt plus sombre... "
La forêt devenait de moins en moins dense tandis qu'ils avançaient, laissant place à de larges étendues enneigées, le paysage était à couper le souffle. Au bout d'un moment, ils arrivèrent devant une haute falaise.. Elle semblait constituer un obstacle... Soudain, une voix retentit dans leur dos. C'était de l'elfique... L'humain se retourna pour voir ceux qui leur parlait.. Derrière eux se trouvaient des elfes portants des arcs comme certains parmi ceux qui l'avaient trouvé, d'autre de longues lances à doubles lames et enfin, des femmes à la peau dure comme du bois, semblable à l'écorce et aux cheveux ressemblant à des branchages.
" Ce sont des dryades.." lui murmura le jeune elfe.
Après quelques discussions, la tension sembla retomber, et les femmes changèrent assez rapidement pour ressembler à de très belles elfes. On le guida le long de la falaise vers une petite ouverture qui semblait s'enfoncer sous terre.
" C'est le seul passage vers nos habitations... Il est très très bien gardé"
La petite troupe s'enfonçat donc vers une petite vallée cachée au milieu des montagnes.. Ce que vit Thoren en ressortant du passage le laissa sans voix. Devant lui, une forêt verte comme il ne semblait pas possible de l'être à pareille altitudes. Les arbres étaient grands et lumineux, une petite rivière coulait dans la vallée, et partout on pouvait apercevoir de grands arbres, des pins immenses qui étaient entourés d'elfes dans une sorte de vénération..
Tout au centre de la vallée se trouvait un de ces conifères immense.
C'était vers lui que se dirigeait le petit groupe. Tout autour de lui, les elfes semblaient se rassembler, curieux de voir cet étranger. Mais rapidement, ils se désintéressaient de lui et retournaient à leur occupations.
Finalement, ils arrivèrent au pied du grand pin. Devant celui-ci, sept grand rochers qui semblaient avoir prit la forme de trône. La végétation qui les recouvrait finissait de les rendre d'apparence extrêmement confortable.
On le fit s'asseoir dans l'herbe. Au bout de quelques minutes, une série de personnes arrivèrent, de grands elfes qui semblaient terribles et d'une grande puissance. Ils s'installèrent sur les sièges. Le chef de leur troupe s'approcha des septs seigneurs et commença son discours. Son ton était calme et mesuré, mais Thoren ne comprenait absolument rien.
Alors qui se désintéressait du débat, il aperçut au pied du conifère toute une série de petites fleures blanches...
Si Thoren avait été malin, il aurait compris que son sort se jouait et qu'il avait un grand intérêt à rester calme et silencieux. Mais Thoren n'était pas malin du tout, et il se mis à ramper doucement vers les fleurs.. S'il en sortait vivant, il voulait au moins avoir la chance d'épouser sa belle.. Au bout de quelques minutes, il arriva assez près d'une fleur, et d'un geste qu'il voulait discret il l'arracha..
Un grand cri retentit, et deux secondes plus tard, une dizaine de flèches criblait son corps.. On laissa son cadavre là, comme engrais pour la forêt qu'il avait abimé. Dans son village, plus personne n'entendit parler de lui ce qui ne fit qu'accentuer la crainte générale de cette forêt hantée.
Mar 21 Avr - 22:37
bon courage et bon amusement.